Par Emmanuel Guimard Publié le 20 mars 2020 à 17h14
XENOTHERA veut réactiver ses anticorps polyclonaux contre le coronavirus.
Cette société de biotechnologies nantaise veut lever 3 millions d’euros dans l’urgence, pour réactiver une solution thérapeutique qui permettra de réorienter ses anticorps polyclonaux « humanisés » contre le coronavirus. C’est un projet sur lequel XENOTHERA a engagé des travaux dès 2016.
Dès 2016, XENOTHERA, spécialiste des anticorps polyclonaux « humanisés », avait mené un projet sur le coronavirus et précédemment contre celui d’Ebola, des pistes mises de côté pour suivre d’autres directions thérapeutiques. « Mais nous savons depuis plusieurs années que nos anticorps peuvent être intéressants en cas d’infection virale », précise Odile Duvaux, présidente de XENOTHERA. C’est pourquoi, l’entreprise de biotechnologies nantaise issue de l’Institut de transplantation urologie et néphrologie (Itun), estime aujourd’hui pouvoir relancer à court terme une « clé thérapeutique » contre les infections à coronavirus, « aussi bien pour la pandémie actuelle que pour les futures infections ».
3 millions d’euros nécessaires
Selon Odile Duvaux, « quelques mois seulement » seraient nécessaires pour démarrer les essais cliniques. « Nous avons besoin de trois millions d’euros pour produire les premiers lots », estime la dirigeante qui demande l’obtention, à cette fin, d’un soutien financier public rapide. Ce candidat médicament, nommé XAV19, est « un mix d’anticorps protecteurs similaires à la réponse naturelle de l’homme, qui neutralisent le virus et l’empêchent de se multiplier ». Ces anticorps présentent, en effet, l’avantage d’éviter le processus pathologique d’ADE (« antibody-dependant-enhancement »), rencontré dans les infections virales comme la dengue ou le coronavirus. Au lieu de protéger l’organisme, l’anticorps peut au contraire aider le virus à entrer dans les cellules et à se multiplier.
Anticorps d’origine animale
La solution proposée par XENOTHERA, qui a levé 6 millions d’euros depuis sa création, se fonde sur une plateforme technologique développée depuis 2014 pour la production d’anticorps polyclonaux « humanisés » d’origine animale, en l’occurrence le porc . « Nous suppléons ou remplaçons chez le patient les anticorps qu’il ne produit pas lui-même », simplifie Odile Duvaux. C’est l’autre avantage déterminant du XAV19. Car, s’il est admis que les patients peuvent bénéficier d’un traitement par anticorps ou immunothérapie passive, « la piste thérapeutique privilégiée à ce jour est d’utiliser des anticorps purifiés à partir de patients guéris », explique-t-elle. « Or, cela nécessite d’identifier les patients guéris, de leur prélever du sang, de purifier leurs anticorps pour ensuite les injecter aux patients… » Ce qui constitue un goulet d’étranglement majeur.
XENOTHERA a déjà développé un premier produit dont la vocation est d’empêcher le rejet des greffes , qui est actuellement en essais clinique à Prague. Dès lors, « nous savons que nos anticorps peuvent être injectés à des personnes sans générer la moindre toxicité », explique Odile Duvaux. La biotech travaille sur d’autres déclinaisons de sa technologie dans la prévention des maladies nosocomiales et l’oncologie, en l’occurrence le renforcement du système immunitaire pour aider l’organisme à éliminer lui-même les cellules tumorales. Le Covid-19 et autres coronavirus pourraient être une autre voie possible.
LA STRATÉGIE
XENOTHERA
- Date de création : 2014
- Présidente : Odile Duvaux
- Effectif : 8 personnes
- Secteur : biotechnologies