Avec son XAV19, un mix d’anticorps protecteurs similaires à la réponse naturelle de l’homme, la société de biotechnologie nantaise XENOTHERA, affirme détenir une clé thérapeutique pour traiter les infections à coronavirus, dont celle du Covid-19. La start-up, qui estime que les lots pourraient être disponibles pour l’homme d’ici quelques mois, cherche à mobiliser 3 millions d’euros.
« Nous disposons, aujourd’hui, d’une technologie unique de production d’anticorps qui pourraient permettre de sauver des milliers de vies», indique Odile Duvaux, fondatrice de la société de biotechnologie XENOTHERA, spécialisée dans la fabrication d’anticorps polyclonaux « humanisés » utilisés dans les greffes d’organes. Appliquée au Covid-19, cette technologie, baptisée XAV-19, est un mix d’anticorps protecteurs, similaires à la réponse naturelle de l’homme, qui neutralisent le virus et l’empêchent de se multiplier. « Ils ont l’immense avantage d’éviter le processus pathologique d’ADE, -antibody-dependent enhancement-, par lequel les anticorps, au lieu de soigner l’infection, l’aggravent rapidement », ajoute la fondatrice de XENOTHERA, en lien avec les cliniciens du centre de réanimation du CHU de Nantes. « Pour eux, dit-elle, face à l’extension de l’épidémie et à la multiplication des cas graves, les procédures doivent être accélérées. Ils nous ont dit être prêts à suivre », rapporte-t-elle.
Impossible, cependant, dans les simples conditions d’une start-up. « Nous devons trouver 3 millions d’euros pour poursuivre les essais auprès de patients. Ce n’est pas de l”opportunisme, c’est quelque chose que l’on a scientifiquement en tête depuis longtemps, mais, sans moyens supplémentaires, ça risquerait de nuire à nos autres programmes en cours sur l’oncologie et les maladies nosocomiales», justifie Odile Duvaux, qui a sollicité les ministères de la Santé, des Finances et s’est inscrite à l’appel d’offres « Coronavirus » lancé par l’Agence nationale de la recherche (ANR). De son côté, BPIFrance serait prête à mettre la main à la poche dès que nécessaire. Selon la fondatrice de XENOTHERA, si l’on accélère, les essais de phase 2 pourrait durer d’un à deux mois, la phase 3 démarrer pendant l’été pour une mise sur le marché du produit pour la fin de l’année. « Alors qu’aujourd’hui, les gens n’ont aucun espoir de traitement », dit-elle.
Des recherches de longue date
« Le travail sur les « anticorps polyclonaux humanisés » – produits à partir de cochons – nous a permis de découvrir que leurs particularités permettaient des applications vers d’autres domaines que la transplantation, et notamment les infections virales.» Depuis sa création en 2014 et la levée de 10 millions d’euros (Equity, BPIFrance, CIR…) la start-up, soutenue par le pôle Atlanpole Biothérapies a ainsi lancé plusieurs programmes de recherches (transplantation, oncologie, maladies nosocomiales…) dont l’un, en 2016, a présenté des résultats concluants pour traiter le virus Ebola. La pandémie ayant été enrayée, XENOTHERA est passée à autre chose.
« Mais cela nous a donné l’idée de travailler sur le coronavirus, qui touchait les pays développés avec des enjeux de santé publique très grave. On savait que c’était une épidémie récurrente et un virus complexe », raconte Odile Duvaux, qui rattrapé par des problématiques de start-up, s’est concentré sur les anticorps polyclonaux « humanisés » pour les transplantations. «En développant une plateforme technologique d’anticorps humanisés, nous avons validé les procédés pharmaceutiques, les études toxicologiques, mis au point l’ensemble de conditions de production, et on est allé jusqu’aux essais cliniques de phase 1 avec des administrations sur des patients. » Les avancées réalisées sur ces produits profitent aujourd’hui au traitement contre le covid-19. « L’innocuité de nos produits est démontrée et nous pouvons nous appuyer dessus, indépendamment des effets thérapeutiques », justifie Odile Duvaux, entourée de huit chercheurs. « Chacun où il se trouve doit mettre ses forces dans la bataille contre le virus. Il est insoutenable de penser qu’aujourd’hui de nombreux patients décèdent faute de traitement efficace contre le virus Covid-19», indique Odile Duvaux.